Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite
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Amy Walker Assassin's Queen
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Sujet: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Sam 16 Mar - 17:55
- Et vous devriez savoir, mademoiselle, que je fais partie de ceux que le froid ne dérange pas, bien au contraire. Je ne sais pas si c'est de cette sécurité dont j'ai besoin. Ne sommes-nous pas nous-mêmes des prédateurs en cet instant ? Je crois savoir que vous n'êtes pas aussi frêle et innocente que votre apparence le laisse imaginer.
A ces mots, je laissais échapper un sourire en reprenant juste un instant mon expression espiègle habituelle. Aussi frêle et innocente que mon apparence le laissait imaginer ? Certes, il voyais y voyais clair, mais à cet instant, je ne me préoccupais pas vraiment du regard que pouvait avoir les autres sur moi. Je le hissais doucement sur mon épaule pour lui servir de soutient. Il continuait à parler :
- Je ne savais pas que vous étiez comme cela, Amy. Je ne savais pas que la mentor était ce genre de personne. Et à présent, trop de questions empiètent sur mes pensées. J'ai envie de savoir ce que vous faites ici, ce pourquoi vous êtes la commandante de ces Assassins, la raison pour laquelle vous m'aidez. Mais vous n'avez pas besoin de ces raisons, n'est-ce pas ? Vous faites simplement les gestes que vous jugez corrects. Ah, ne faites pas attention à ce que je raconte...Ramenez-moi, c'est tout.
Je jetais un coup d’œil vers son visage en détaillant rapidement ses traits que je n'avais jamais vu d'aussi près. Il était très beau et malgré sa douleur et sa faiblesse inhabituelle, il inspirait toujours un grand respect et une puissance imposante.
- Je pense aussi qu'il ne faut pas juger les gens sur leur apparence, ni sur leur rang. Quelqu'un comme toi devrais le savoir, non ?
Pour ce qui est de ses questions, je choisi de ne pas répondre en trouvant comme excuse un mélange de "il n'a pas besoin de savoir ça" et "il finira par le découvrir un jour ou l'autre". Je me dirigeais vers la guilde en prenant soin de passer par les chemins les moins fréquentés possibles.
Arrivés devant la grille, je la poussais difficilement avec une légère grimace, elle n'était pas spécialement lourde, mais d'un seul bras, c'était un peu compliqué, de plus, avec la fatigue, j'avais l'impression que Kain pesait de plus en plus lourd, mais je tenais bon et avançais vers la grande porte. Je passais la tête par l'ouverture et remarquais les trois hommes qui discutaient dans le réfectoire. Heureusement qu'il était tard et que la salle était presque déserte. Je me concentrais et les fit quitter la salle sans problème. Je ne pus m'empêcher de sourire quand je vis le plus carré d'entre eux prendre un air étonné quand il remarqua que son corps bougeait tout seul, mais je ne m'attardais pas et me dépêchais de prendre l'escalier pour emmener Kain au premier étage, dans la première chambre des garçons, sa chambre, qui était, pour l'instant, pour lui et lui seul.
Je le couchais sur le lit et cherchais une couverture dans un placard au fond de la pièce. Je le bordais et m'étonnais moi-même de mon attitude, mais je ne m'arrêtais pas pour autant. J'enchaînais et quittais la pièce pour chercher quelques glaçons en prenant soin de bien fermer la porte derrière moi, afin que personne ne puisse l'apercevoir. J'en avait fait la promesse, et malgré les apparences, je tenais toujours mes engagements. Je revins cinq minutes plus tard avec une serviette pleine de glaçons et je lui collais sur le front. Ne sachant plus quoi faire, je m'asseyais sur une chaise à son chevet. J'ignorais pourquoi, mais je savais que je ne pouvais pas le laisser là, seul.
Kain O'Sullivan Assassin
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Jeu 28 Mar - 17:36
[Désolée du retard ! ]
NEVER FORGET VIII O'SULLIVAN KAIN
« No one knows what it's like To be the bad man, to be the sad man Behind blue eyes And no one knows what it's like to be hated To be fated to telling only lies
But my dreams they aren't as empty As my conscience seems to be I have hours, only lonely My love is vengeance, that's never free »
« Quand il l'entendait, il tournait la tête et se morfondait en silence. Alors je continuais, plus ravi encore qu'il n'ait pas un mot à dire là-dessus. Les autres souriaient, souvent, tandis que lui pleurait. Il était toujours un peu décalé de la réalité. Mais sans doute l'étais-je bien plus. Et c'était pire, je le savais. Pire de se sentir si vide dans de tels instants. Rien, non, rien ne changeait. Et je me sentais si inhumain. »
- Je pense aussi qu'il ne faut pas juger les gens sur leur apparence, ni sur leur rang. Quelqu'un comme toi devrait le savoir, non ?
Je l'ai écoutée sans réellement le faire, comme je le fais souvent. Mon regard divague brièvement sur mon environnement alors que je m'interroge finalement sur ses mots. « Quelqu'un comme toi ». Qu'est ce que ça veut dire ? Elle ne me connaît pas le moins du monde, comment peut-elle émettre de telles hypothèses sur mon cas ? À vrai dire, je ne sais pas même quel est ce "moi" dont elle semble se préoccuper, je ne le vois pas moi-même. Je n'ai jamais vraiment jugé les gens, à dire vrai, j'étais trop étrange et incompris pour oser le faire. Mais je me souviens de tant de choses que je suis incapable d'ignorer. « Nous jetons ce dont nous n'avons plus besoin, et je fais précisément partie de ces déchets. Alors je souhaite montrer au monde ce dont cette ordure est capable si elle s'en donne les moyens. On a essayé de se débarrasser de moi ? Ainsi soit-il. Je peux aussi me débarrasser de vous, vous savez. ». Ah, ces mots que j'avais vociférés à mon père adoptif, ils demeurent dans une part de mes pensées. Un recoin oublié, de ceux qui soulèvent des tas et des tas de poussière si l'on ose les sortir pour de bon. Et c'est précisément ce qu'il m'arrive constamment, je ressasse encore et encore ce qui devrait faire partie du passé, et ramène avec ces remords et nostalgies passagers d'autres souvenirs plus noirs encore, dont je ne sais me débarrasser. Quand j'y repense – et puisque cela arrive souvent – j'en viens à me dire que j'ai été étonnamment détestable. Bien sûr, je le suis encore, et plus peut être, cependant, la manière dont j'agissais envers mon protecteur m'oblige à me remettre en question. Mais nous nous détestions. Ahâron disait toujours que nous étions tous une honte. Une honte à cacher, vraiment, parce que nous tuions. Il plantait un regard déterminé dans le mien et déclamait calmement : « Ne leur dis jamais, Kain. Ne dis jamais ce que tu fais aux personnes que tu aimes. Elles te haïraient. ». Alors je lui répondais : « Pourquoi me le dis-tu si cela est mal ? Pourquoi me contes-tu tes exploits, et pourquoi m'as-tu appris à tuer ? ». Il baissait les yeux, et concluait avec un sourire amer sur le bas de son visage : « Parce que je ne t'aime pas, Kain, et que tu me détestes déjà. J'ai toutes mes raisons, tu vois. ». Nous étions semblables, lui et moi. J'aimerais ne pas avoir à rester dans le passé comme un fantôme qui erre sans savoir où aller. Amy a beau me soutenir en veillant à ne pas emprunter de passages fréquentés qui sauraient me déranger, je ne lui prête désormais plus la moindre attention. Certes, c'est quelque peu ingrat, mais je préfère davantage ne pas poser sur elle ce regard de glace que j'arbore actuellement. Elle ne s'en est peut être pas rendue compte, mais j'ai resserré ma main sur son épaule sans pour autant que cela ne soit volontaire. Mon sang bouillonne, et pas seulement à cause de cette fièvre qui m'agace. Il bouillonne de vivre en ce monde que personne n'est réellement capable de changer. Il bouillonne de devoir se plier à ces volontés dont on ne connaît l'origine. Il bouillonne de n'être qu'une feuille qui se laisse porter par le vent, se noie dans les flaques, se déchire sous les pas, se consume sous les flammes et disparaît dans la poussière. Je regrette de n'être qu'un homme aussi faible d'esprit. Se plaindre, toujours et encore, est un quotidien que je déteste. Mais je sais que moi aussi, je suis inapte à changer ces choses qui attisent la haine et la plus grande des animosités. Je sais que moi aussi, je fais partie de ceux qui ne savent faire autre chose hormis se morfondre dans le cours du temps. Et tuer, certainement. J'inspire profondément, chassant ces habituelles idées noires qui jamais ne me quittent, mais le tiraillement qui me poignarde le torse m'arrache une nouvelle quinte de toux. Non, pas de sang, cette fois. La grande grille singulière du quartier général des Assassins apparaît bientôt, et je remarque du coin de l'oeil que l'ouvrir n'est pas une tâche aisée pour la mentor sur laquelle je m'appuie. Mais je me contente de marcher lentement tel un cadavre qui refuse obstinément de s'écrouler pour de bon, et la laisse me guider patiemment. Oh, non, je ne suis absolument pas patient. L'inverse serait plus probable, n'est-ce pas ? Mais vous savez, j'ai parfois l'impression que mon esprit comporte deux facettes : un être de glace, cynique, distant et impossible à cerner, ainsi qu'un tempérament de feu, explosif et impatient. Je lève brièvement les yeux vers la voûte céleste qui s'est nettement assombrie. La nuit a presque engloutit le jour, et je suis sensé être en pleine activité. Je devrais sillonner les ruelles et longer les murs dans cette pénombre qui m'apaise. Je devrais sourire étrangement sous ma large capuche couleur charbon. Je devrais semer derrière moi des cris de terreur figés dans la glace. Et comme toujours, je ne saurais pas pourquoi j'agirai ainsi. Ces voix graves dans le réfectoire m'obligent à relever la tête, et je manque de m'arrêter brusquement avant qu'Amy ne le fasse elle-même. Elle aura au moins compris que je ne supporte pas leur compagnie, et certainement pas dans mon état actuel. Je sens soudainement une activité différente dans l'âme de la mentor, et bientôt, les individus se mettent à bouger jusqu'à quitter la grande salle, avec ces expressions sur leur visage qui semblent leur dire : « Je ne pense pas m'être ordonné de partir...Pourquoi suis-je en train de marcher ? ». Il ne m'est alors pas difficile de déduire que la manifestation précédente n'est autre que celle du pouvoir de la mentor. Je ne m'interroge pas plus sur ce fait, et avec un effort quasiment surhumain en dépit de ma condition, je gravis les escaliers qui mènent jusqu'aux dortoirs. Ils me paraissent être des milliers, une infinité de marches machiavéliques qui à chaque pas hurlent dans mon crâne souffrant, et je ne peux finalement plus m'empêcher de soutenir ma tête avec ma main libre, grimaçant de douleur. La porte du dortoir apparaît enfin, et j'y entre avec un certain soulagement, bien que je déteste réellement cet endroit. Je dois être quelque peu claustrophobe. Elle m'aide finalement à me coucher sur le seul lit de la pièce, ni favorable ni inconfortable, mais cela est amplement suffisant, bien que je ne manque de me briser les dents à force de serrer autant la mâchoire. À peine me suis-je allongé que la pièce entière s'est mise à tourner, et j'ai brusquement été contraint de fermer les yeux pour masquer ces visions étourdissantes. Amy a attrapé une des quelques couvertures dans l'unique placard et m'en a brièvement recouvert. En temps normal, je me serais promptement levé en lui ordonnant de partir et de me laisser seul. Je ne sais pas ce qui me retient. Ce mal de crâne, sans doute. Je l'entends sortir de la pièce, et j'en profite immédiatement pour me redresser sur le matelas et porter machinalement la main à mon cou, au pendentif qui devrait normalement s'y trouver. Il n'y est pas. Un élan nerveux m'envahit alors, tandis que je me lève brusquement en tirant la couverture, mais je manque de m'écrouler au sol, titube, me retient sur la commode et laisse un marmonnement contrarié m'échapper. J'ouvre le premier tiroir, puis le deuxième, cherche un instant et me résigne. Je passe une main tremblante dans mes cheveux bleus, et balaie encore la pièce du regard. « Qu'est ce qu'il y a, Kain, on perd la tête ? », c'est ce qu'Ahâron aurait dit, certainement. Je plonge alors instinctivement la main dans ma poche et soupire au contact froid de la chaînette d'argent, soulagé. Mes pas hésitants me guident de nouveau vers le lit, et à peine ai-je le temps de me rallonger qu'Amy réapparaît dans l'encadrement de la porte. Je fais mine de chercher le repos, fermant les yeux en une expression apaisée qui donne à mon visage cette apparence douce et vulnérable. « Je pense aussi qu'il ne faut pas juger les gens sur leur apparence. ». Je manque néanmoins de sursauter lorsqu'elle pose sur mon front un tissus presque glacé, mais je ne réagis pas, satisfait de ce geste. La jeune fille s'assied finalement sur une chaise, à mon chevet, et mes sourcils fins se froncent vers la naissance de mon nez. Pour je ne sais quelle raison, j'en ai soudainement assez de me montrer si calme et obéissant, et d'un geste brutal et imprévisible, je tire la couverture pour l'envoyer valser dans un coin du lit, avant d'ouvrir les yeux en une expression sévère, et de toiser Amy d'un regard noir.
- Pas de couverture ! Je n'ai jamais froid, le remarquer n'est pourtant pas une épreuve si laborieuse, êtes-vous sotte ?
Sans prêter attention à l'expression qui a dû ravir son visage, je clos une nouvelle fois mes paupières et m’accommode tranquillement sur la couche, avant de la recouvrir volontairement de minutieux cristaux de glace. Le givre monte bientôt sur le mur collé à l'armature de bois du lit, et je passe nonchalamment la main dessus, lui arrachant quelques crissements, en serrant dans mon autre poing la petite croix d'argent. Je sais que la mentor n'y est pour rien, mais j'ai presque besoin de m'énerver sur quelqu'un. Et elle est la seule personne présente. La glace ne tardera pas à recouvrir tous les murs de cette pièce, ce qui fera certainement chuter sa température. C'est préférable. Mais terriblement douloureux dans cet état de faiblesse. Je n'ai pas à me plaindre de si peu : les souffrances du coeur, elles, sont bien plus terribles. Et je n'en ai que trop conscience.
« Ces gens me disent qu'ils ne veulent pas mourir. J'en désirais l'exact contraire, avant, je serais presque devenu fou à l'idée de vivre tant d'années de plus sur cette terre. Et maintenant ? C'est tellement différent. Je comprends ces gens. Je comprends cette envie de vivre. Mais je suis toujours partagé : mourir, et laisser ces malheurs derrière moi – d'autres sauront les ramasser, ou vivre pour des ambitions que moi-même ne peux réellement comprendre. Vivre pour eux qui ne sont plus, puisqu'il n'y a pas d'autre route. Mais ce qui pèse sur mon âme est invisible. Je suis incapable d'écraser cette fatalité. Et à présent, j'ai peur, oui, peur de quitter ce monde auquel j'ai fait tant de promesses. Les promesses ne sont pas la barre qui guide le navire, elles sont le vent qui le pousse à avancer. »
Amy Walker Assassin's Queen
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Ven 3 Mai - 19:34
[Vraiment désolé pour le retard, ça fait longtemps que tu dois attendre la réponse ^^']
- Pas de couverture ! Je n'ai jamais froid, le remarquer n'est pourtant pas une épreuve si laborieuse, êtes-vous sotte ?
A ces mots, j'ouvris de grands yeux étonnés. C'était bien la première fois que quelqu'un m'envoyais sur les roses de cette manière. Dans un premier temps, je fus réellement choquée par ses paroles. Je me retournais brusquement et quittait la pièce d'un pas lourd et décidé en claquant la porte pendant que Kain se recouvrait d'un fine couche de glace. J'avançais dans la descente de l'escalier avec ma mine des mauvais jours. De quel droit me parlait-il sur ce ton ? Je continuais à avancer vers le réfectoire et m'assit à ma table.
Je me retournais d'un coup vers le serveur avec mes yeux meurtrier. Je n'étais vraiment pas d'humeur et cet homme me dérangeait alors que je réfléchissais. Or, il faut savoir que je déteste être dérangée. Je lui fis mon regard le plus haineux et hautain que je pouvais pour lui faire bien comprendre que je n'avais rien à commander et que si il ne fichait pas le camp tout de suite il passerait un sale quart d'heure, et sûrement le dernier de sa vie d'ailleurs. Heureusement pour lui, il parût comprendre sur le coup et partit bien vite en s'excusant vivement. Je restais encore assise quelques minutes, mais ne pouvant rester trop longtemps sans rien faire, je me levais et me dirigeais vers la salle de tir. j'ordonnais à un de mes hommes d'aligner les cibles, et tirais dans le tas comme une folle qui chercherait juste à se défouler, car en ce moment, c'était comme ça que j'étais. Un folle assassine qui dégommais des cibles à défauts d'ennemis pour se défouler à cause de la réplique d'un homme souffrant. Quelques heures plus tard, je commençais à en avoir marre de ces cibles ridicules. Je me posais dans un coin de la pièce. Maintenant que j'étais calmée, j'y voyais plus clair. Comme d'habitude, je m'étais énervée pour rien. Je me relevais vivement et me dirigea à grands pas vers les chambres des assassins. Il fallait que je parle à Kain. Arrivée devant la porte close, j'eus un moment d'hésitation. Pourquoi voulais-je lui parler ? Qu'est-ce que j'avais à lui dire ? Après être partie comme une furie quelques heures plus tôt je revenais comme ça pour "lui parler" ? J'étais trop fière pour entrer dans la chambre, donc, comme une idiote, je restais là, devant la porte à réfléchir à ce que je pouvais faire.
Kain O'Sullivan Assassin
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Dim 12 Mai - 17:42
[Ce n'est pas grave, tant que tu réponds ! =P]
NEVER FORGET IX O'SULLIVAN KAIN
« When the curtain's call Is the last of all When the lights fade out All the sinners crawl
So they dug your grave And the masquerade Will come calling out At the mess you made »
« Personne ne peut savoir ce qu'un lendemain réserve. Alors tout le monde se laisse guider à bord de ce grand navire qu'est la vie. Il y a des vagues, des orages et des ouragans que rien n'empêche. Mais certains y survivent tout de même. D'autres leurs tendent les bras. Vous savez, ceux-là. Ceux qui sont incapable de lutter plus longtemps. C'est en le faisant que j'ai pu apprendre une chose : on ne choisit pas ce qu'un lendemain réserve. Mais on peut tout simplement choisir de ne pas le voir. »
Dès l'instant où je lui avais lancé ces mots acerbes, elle s'était figée et n'avait pas répondu. elle était restée muette et immobile comme une statue de glace, mais le début d'un tumulte incompréhensible avait semblé bouillonner en elle. Alors j'étais demeuré interdit et j'avais fait comme si rien de ce que j'avais dit n'était incorrect. Et j'eus raison. Ce ne fut que lorsque la jeune femme se leva brusquement en se dirigeant vers la sortie que je pensai que j'avais peut être exagéré. Pourtant, mes pensées me soufflèrent que j'avais réagi comme il le fallait et comme d'habitude, il n'y avait pas lieu d'être perturbé. Mais Amy ne me connaissait pas et je le savais. Qu'importe. Ses pas à la fréquence étonnamment nerveuse s'éloignèrent promptement dans le couloir, et je restai seul à contempler ce que j'avais fait de cette chambre qui n'était et ne serait jamais la mienne. Mes iris balayèrent les murs sans vraiment les voir, et je ne me rendis compte de mon inertie qu'après de longues minutes à avoir perpétué ce manège. Je clignai des paupières plusieurs fois pour dissiper le brouillard qui m'embrumait la vue, et je pus apercevoir les larges et étincelants cristaux de neige qui, éparpillés autour de mon corps immobile, faisaient comme un tombeau ouvert. Je pensai soudainement que le désir de quitter ce monde ne m'avait pas traversé la tête depuis quelques temps. Mais je ne savais pas si j'avais réellement le droit de vouloir vivre encore. Je me suis ainsi dit que cette pensée était plutôt idiote, et ressemblait davantage à un moyen fallacieux de refuser que je puisse avoir peur. Je soupirai quelquefois encore avant de me rendre compte que la mentor ne revenait pas. Une part de mon âme voulu céder place à de la déception, tandis que l'autre, la plus forte, était soulagée. Cette dernière voulait que celle qui se sentait coupable expie ses semblants de remords, et je la sentais déjà l'écorcher de ses griffes invisibles. Ce fut en me retournant sur la couche, dos au mur, que je compris que ma tête n'était plus serrée dans son étau de fer. Même pas deux heures, et c'était déjà passé, c'était déjà fini, comme une averse soudaine qui ne nous laisse pas le temps de lever les yeux au ciel. Je me relevai en position assise en cassant dans mes mains les morceaux de glace à ma portée, et je réfléchis. Ces crises étaient de plus en plus courtes, mais de plus en plus violentes, et c'était loin d'être rassurant. Il en arriverait une un jour, bientôt peut être, une qui tombera sur moi comme la foudre frappe la terre, et ce qui donne et garde ma vie se figera sans crier gare. Juste comme cela. Un battement d'ailes dans le ciel, une feuille qui s'arrache, une fleur qui se meure en silence. Et ce monde m'oubliera. Il continuera d'avancer comme si je n'avais jamais existé. Certains prononceront mon nom durant deux ou trois jours, l'on trouvera sûrement mon cadavre, et l'on pensera qu'au fond, en voyant mon visage blême et mes membres raidis, je n'étais pas plus fort qu'un autre. Néanmoins, la prochaine n'arriverait pas avant au moins une semaine, et cela me redonna une certaine volonté. J'avais encore un peu de temps. Un an ou deux ans, tout au plus ? Mais j'avais beau espérer, j'avais beau imaginer que tout se passerait comme prévu, j'étais plus que jamais conscient qu'il n'en serait rien. Plus que quiconque, je savais que j'allais échouer et que rien n'écarterait cette fatalité. J'avais serré les poings sans connaître l'origine de ce sentiment. J'eus alors l'impression de n'être qu'un gamin suivant aveuglément l'homme qui le guide sans savoir qui il est réellement. J'eus l'impression de revenir plus de dix ans en arrière, et j'espérai qu'au lieu de m'aider, l'on me laisse au détour d'un chemin que le jour peine à atteindre. Je plongeai ma tête dans ma main en laissant un rire jaune m'échapper, et je me détestai. Les tiroirs de cette commode faisaient beaucoup de bruit, et ce n'était pas sans me déranger. Je m'étais brusquement levé, comme possédé d'une volonté soudaine, et avec tant de précipitation que les draps couverts de glace jonchaient désormais le sol. Je récupérai dans le petit meuble les seuls effets que j'y avais laissé, pour finalement me rendre compte que ce peu de choses ne m'était guère utile. Il y avait juste cet increvable couteau papillon gris décoré de créoles semblables à des ronces noires. Avec une forme différente, celle d'une rose, une seule. La pensée ridicule que je ne me souvenais même plus de la provenance de cette lame me traversa alors l'esprit, et je levai la tête vers l'unique fenêtre comme pour espérer qu'elle s'en échappe. À la vue de la noirceur qui s'emparait du soir, je laissai ma main saisir la poignée de ce carré de vitres et en ouvrit lentement les battants, me redressant patiemment comme s'il s'agissait d'une ascension cruciale. Je m'étais attendu à ce qu'un air frais et léger me caresse le visage, mais c'en fût un lourd et épais qui voulut m'étouffer, de ceux qui stagnent longtemps dans les soirs d'été et s'accrochent à la peau telles des sangsues acharnées. Pourtant, je ne fermai pas cette fenêtre ouverte sur un ciel ocre, où les ombres de quelques oiseaux tiraient parfois des traits sombres, et les cris singuliers de ces volatiles me firent penser à ceux des hirondelles qui crevaient les nuages de mon enfance. J'appuyai mes paumes sur la bordure surplombée par une fine alcôve, et j'admirai un peu plus ce spectacle opportun en passant parfois une main dans mes cheveux trempés. Les mèches bleues balayant auparavant mon front étaient à présent repoussées en arrière, de telle sorte que la totalité de mon visage était visible. Mon père adoptif m'avait souvent dit qu'ainsi, mes traits doux et fins me faisaient ressembler à un ange. Ces fois-là, je répliquais en disant qu'il n'en avait jamais vu et que je n'en avais rien à faire. Mais au moins, lui sel savait que je laissais mes cheveux tomber sur mon regard, pour qu'ils me donnent un air plus sombre et sévère. Tous les tiroirs n'avaient pas été fouillés. Je le savais, il y avait quelque chose dans le dernier. Je me baissai lentement, abandonnant mon carré de ciel au profit d'un recoin de ténèbres, et tirant sur cette cachette, j'en retirai le grand étui noir et poussiéreux. Ma main glissa un moment sur ce cuir auparavant lustré, et je me décidai finalement à l'ouvrir. Le coffre de mon violon s'éventra pour laisser place à l'instrument d'ébène mal entretenu, et la vision du bois abîmé me pinça le coeur sans que je ne m'en rende réellement compte. Le grand archer glissa entre mes doigts et le reste suivit, mais je restai immobile, la tête penchée sur cette armature creuse dont les fils n'attendaient plus que je les fasse vibrer. Une bonne heure s'écoula sans que je n'ose frotter les cordes, ne sachant que jouer ni comment m'y prendre. J'étais trop honteux de l'avoir sorti sur un coup de tête. C'était comme s'il fallait demander la permission à ce violon. J'inspirai alors profondément, et dans un geste qui parut durer une éternité, j'esquissai les premières notes. Mais le son grinça dans l'air comme une symphonie désastreuse, et je fermai les yeux avec un sourire amer sur le bas de mon visage. Je n'aurais jamais pensé être sagement resté dans cette chambre. Je me mis de nouveau à bouger sur un coup de tête, saisissant nerveusement mon manteau noir, arrangeant mes cheveux comme d'habitude, et rabattant ma capuche sombre dessus. Je resserrai mes bottes qui montaient jusqu'au dessous de mes genoux, et constatai leur semelle de fer usée, avant d'esquisser quelques pas qui firent tourner la roue de leurs éperons. Mes yeux de glace se figèrent sur le violon caché que j'avais à nouveau enfoui dans son coffre sombre, et je n'hésitai pas à l'empoigner pour le passer à mon bras, le balançant derrière mon dos. Je n'avais absolument aucune idée de ce pourquoi j'avais fait ce geste. Une envie soudaine de me moquer de me moquer de moi-même. Ainsi, je m'étais rapproché de la porte, et je pus détailler sans sourciller le désordre qui régnait dans cette pièce à moitié étouffée sous le givre. La chaleur de mon souffle y projetait de fines vapeurs qui dansaient un instant pour s'effacer bien vite, et sans un regard de plus, j'empoignai brusquement la poignée pour sortir. Si je n'avais pas eu de réflexes, j'aurais certainement bousculé cette personne immobile derrière la porte. Je manquai d'abord de sursauter, surpris par cette confrontation inattendue, mais cette sensation laissa rapidement place à de la gêne. Je baissai immédiatement un regard froid et sévère sur ce visage fin qui n'était autre que celui d'Amy, la jeune femme qui, un instant plus tôt, s'était presque enfuie d'ici sans tourner la tête. Très bien, elle aussi avait ses sautes d'humeur, et bien qu'elle avait supporté les miennes, cela ne serait jamais réciproque.
- Vous seriez-vous perdue, mademoiselle Walker ? Ou peut être écoutez-vous aux portes ? S'il en est le cas, laissez-moi vous rassurer, je ne suis pas encore assez fou pour parler seul. déclarai-je d'une voix à la fois grave et malicieuse, laissant un sourire cynique se dessiner dans l'ombre de ma capuche.
J'avais beau m'être exprimé avec ce ton sarcastique, j'étais persuadé que tout comme moi, elle ne s'était pas attendue à cela. Me voir soudainement sortir de cette chambre comme un loup enragé, alors qu'il n'y avait pas plus que quelques heures, j'étais en proie à la douleur...Parfaitement, je ne tenais pas en place. Pourtant, je savais être patient. Mais pas maintenant. Que faisait-elle ici ? Pourquoi était-elle revenue ? Sa présence m'avait perturbé parce que j'avais voulu passer inaperçu. Mais après tout, j'étais également en faute : si j'avais été plus prudent et vérifié s'il n'y avait personne dans ce couloir avant de m'y ruer, je ne me serais certainement pas retenu de sauter par la fenêtre, quel que soit son étage. Au bord du lac, quand les premiers troubles s'étaient faits sentir, j'avais d'abord décidé de ne pas retourner en ville cette nuit. Mais c'était plus fort que moi, cette envie qui vous prend aux tripes, il fallait que je me mette en chasse. Immédiatement. Dès la disparition du soleil, j'irai voir les placardés et trouverai ces hyènes. Elles sont comme moi, elles sortent la nuit. Je le sais, j'en suis une moi aussi, et j'avais depuis longtemps appris que le monde changeait à la tombée du jour. Les ténèbres montaient, c'était une toute autre facette de cette cité qui s'éveillait, une véritable chasse à l'homme qui s'ouvrait. Le seul royaume qui me plaisait encore. Mais peut être était-ce aussi le seul que je connaissais. À cette pensée, mon cœur se serra et je m'oubliai. Si elle me demandait où j'allais ? Le rosaire d'argent me semblait plus froid que jamais sur la peau de mon torse. « Poussez-vous, je pars » ? Quoiqu'il en soit, je n'avais pas de comptes à lui rendre, ni besoin de son avis pour aller où je le souhaitais. Pourtant, j'avais hésité en la voyant. Ses yeux écarlates sont fichés dans les miens comme des poignards ardents. Je ne baissai pas mon regard. Il était vide, cruel et menaçant. Il avait revêtu son voile de nuit.
« Sans pardon, la vie est gouvernée par un parcours sans fin de ressentiment et de vengeance. »
Amy Walker Assassin's Queen
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Dim 14 Juil - 15:21
[Pardon pour le temps de réponse >< je suis vraiment désolée ><]
Toujours devant la porte, je continuais à réfléchir, tant et si bien que ma tête commençait à me faire mal. Je fus tirée de mes réflexion par le son d'un violon. Les notes étaient quelque peu hésitantes mais on pouvait y ressentir une émotion particulière. Je fermais les yeux et laissais mon esprit vagabonder au fil de cette musique. Je partis tellement loin, que je ne remarquais même pas que la musique s'était tut. La porte s'ouvrit brusquement. Par réflexe, je fis un pas en arrière. J'ouvris de grands yeux quand je reconnue Kain. Il était là; devant moi, alors qu'il y a à peine quelques heures, il était à moitié inconscient. Lorsque le souvenir de ses dernières paroles me revint en mémoire, je reprenais mon visage meurtrier habituel.
- Vous seriez-vous perdue, mademoiselle Walker ? Ou peut être écoutez-vous aux portes ? S'il en est le cas, laissez-moi vous rassurer, je ne suis pas encore assez fou pour parler seul.
A ces mots, toute la réflexion que je m'étais imposée me parût inutile et injustifiée.
Je suppose que tu repars ? Très bien, vas-t'en.
A ces mots, je tournais les talons et repartais vers mes quartiers. J'eus à peine refermé la porte qu'une immense colère m'envahit. Comme je ne savais pas d'où elle venait, ça m'énervait encore plus. J'avançais vers le centre de la pièce, et dans un excès de colère, je tirais dans le miroir qui se brisait en millions de petits éclats.
Kain O'Sullivan Assassin
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Mer 28 Aoû - 12:50
[Hey ! Je voulais juste confirmer que ce RP était fini (je suis un peu à la bourre, certes *-*), et que Kain s'est simplement absenté de la guilde après ça. Je ferai son "retour" même s'il n'a pas été long. ^^]
Amy Walker Assassin's Queen
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Sujet: Re: Une petite promenade...[PV : Kain O'Sullivan] - Suite Sam 7 Sep - 21:02
Okay, pas de soucis
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