Kain O'SullivanAssassin
| Sujet: Laudem Angelus Enim Sam 2 Fév - 18:56 | |
| Hey hey !
Alors...Comment dire ? x) J'ai retrouvé un écrit que je comptais vraiment finir il y a quelques temps de cela, disons...Deux ou trois mois après mon inscription sur ce forum ? J'avais eu envie de peaufiner l'histoire de mon personnage de RP, Kain, du coup je me suis dit, pourquoi pas en faire une nouvelle d'environ 30 pages ? (Bon, peut être plus, je ne peux pas vraiment juger ça ! x3) Du coup voilà, je l'ai un peu continuée récemment, à vrai dire ça me plaît pas mal et même si je l'ai délaissée pendant un temps, j'ai tout de même envie de la finir (même si elle va avancer leeeeeeentement ! *-*). Et puis, l'histoire que j'ai mise dans ma présentation ne donne presque aucun détail sur lui, alors que j'en ai tout plein dans ma tête. *sors* Je précise au passage que la technologie est très peu avancée dans les royaumes d'où il est originaire, ils sont pas mal éloignés de Typia et il y existe encore des systèmes de royauté. Bon, après, il y a des flingues et j'en passe, mais je n'y suis pas encore, j'ai à peine commencé. (a) Et oui, je m'excuse d'avance, c'est que des pavés, c'est chiant, je suis désolée, mais je le mets quand même vu que c'est dans le contexte de ce forum. *-* Le titre est en Latin et signifie « Des éloges pour un ange ». - Spoiler:
P R O L O G U E Comment définiriez-vous la vie ? De manière scientifique ? Philosophique ? Ou peut-être ne le feriez-vous pas, tout simplement. Il y a des gens que cela intéresse et d'autres que cela ennuie, c'est bien facile de le deviner. Essayez, vous verrez par vous-même à quel point les goûts sont différents. J'aurais aimé pouvoir vous parler de la vie de cet homme comme s'il s'agissait d'un conte. Commencer par "Il était une fois". Une situation initiale calme et banale, y ajouter deux ou trois péripéties qui seraient balayées comme si elles n'avaient jamais eu lieu, et vous offrir une fin digne d'un rêve idyllique. Mais je n'ai pas pu changer la vie de cette personne. Elle n'était que trop réelle. Me pardonnerez-vous pour cela ? Vous le ferez, j'en suis sûre. Car on ne choisit pas sa vie. Moi-même ne sait pas encore si l'histoire de cet homme sera courte ou longue. Vous savez, à l'heure où je parle, il n'a que vingt-trois ans. Peut être mourra-t-il demain ? Qui sait. Il est fort possible que j'aie envie de la ralonger, si l'envie m'en prend, si j'éprouve de l'intérêt envers cette existence qui ne tient qu'à un fil. Et s'il arrive que je me lasse, alors soit, elle ne durera pas plus que quelques années. Est-ce cruel ? Faire naître cette personne dans mes pensées l'est déjà suffisamment. Et décider de sa vie, la tenir à l'extrémité de ma plume l'est plus encore. « Un champ de ruines, et ce torrent venant du ciel qui le noie dans une clameur monotone. J'ai toujours pensé que le monde donnait aux hommes de nombreuses possibilités, mais ainsi, lorsque je détaille cet horizon où terre et ciel se confondent dans des lits de noirceur, j'en viens à me dire qu'elles ne sont que de vagues opportunités. Elles passent en coup de vent dans l'ouragan de nos doutes et angoisses, et n'y sèment que d'éphémères accalmies qui se taisent bien vite dans la tempête. Et face à cela, que devons-nous faire, nous autres, êtres infimes étouffés dans un néant de promesses divines qui jamais n'éclairent nos chemins ? Que devons-nous faire, nous autres, futiles ingénus perdus dans les ténèbres d'un monde qui ne nous appartient pas ? J'attends, car je ne sais mieux faire. Le temps me soufflera les quelques mots de mon avenir, et peut être emportera-t-il avec lui les épouvantes qui hantent constamment mes pensées. C'est une étendue déformée, un cimetière géant retourné par les Démons de la folie, désireux de le fondre en charnier pour présenter à nos yeux toute l'horreur et la brutalité de nos différents. Mais je ne sais où poser mon regard face à cette mer brune et pourpre où sang et boue s'entremêlent, alors que les dernières armes ancrées au sol forment ça-et-là d'indicibles pierres tombales, ce seul signe d'honneur qui demeure encore sous les pas de la démence. Et nous sommes seuls à nourrir le feu de ces aberrations, nous sommes seuls à la couler en ruisseaux de lave qui courent entre nos cris de fureur, mais rien, non, rien ne l'arrête ni ne la fige hormis ces hivers de glace qui gèlent nos cœurs. Ils devraient être de vagues soulagements, de vieux baumes sur notre âme meurtrie, et pourtant, ils accentuent plus encore nos regrets et hurlements de souffrance. Nous savons, au fond de nous, qu'il réside encore sur cette terre dévastée des oasis de bonheur que l'oppression assèche en secret, et tout nous pousse à les trouver. Néanmoins, nous autres, ridicules survivants, sommes lâches et dépourvus de bravoure. Mais toujours tout perdre dans cette vie où la fin heureuse n'existe pas nous pousse à refuser d'aller de l'avant. Qui sait, lorsque nous poserons le pied dehors et crierons à l'idéal et à la liberté, peut être tomberons-nous dans les mêmes émanations macabres que nos compatriotes ? Qui sait, en ces terres et cieux, ce que les Dieux nous offrent de pure bonté ? Ils sont nos rêves, nos nébuleuses utopies qui ne savent naître qu'à la tombée de la nuit. »
Origines Autrefois, alors que la prospérité gardait encore une place dans les différents royaumes, nous appelions les contrées du Nord Les Portes des Gardiens. Elles tenaient alors leur nom des légendes qui les avaient bâti au fil des temps, et sans doute cela n'était-ce que de simples paroles destinées à faire rêver les enfants. Les nombreux pays qu'elles abritaient, quant à eux, regorgeaient de toutes sortes de ressources merveilleusement exploitées par leurs habitants, il allait sans dire que leur réputation ne s'altérait jamais. Mais je voudrais reporter votre attention sur le plus grand de ces territoires, Septentrion. Voilà un nom typique pour un lieu Nordique, n'est-ce pas ? Et la plus grande cité qui l'occupait était couramment nommée Callaghan, ou encore la cité du Roi. Il était bon et aimé de tous, lui ainsi que la famille royale. Mais comme vous devez sans doute le savoir, il y a toujours des ombres au tableau. Le frère du Roi s'appelait Murtagh, mais ceci, peu de gens le savaient. Il faut dire qu'à l'époque, cet homme n'était pas très connu. Mais vous devez certainement connaître la suite de l'histoire. Non ? Allons, faites donc un effort. Un Roi adoré et célèbre, son frère machiavélique et méconnu. Alors oui, Murtagh a fait assassiner son frère. Les doutes se sont immédiatement tournés vers lui, pourtant, jamais personne n'a su prouver sa culpabilité. Par ses moyens fallacieux et son mental de stratège, il a rapidement pris possession du trône et méticuleusement fait accuser la Reine qui a alors été bannie du pays. Plus personne n'a revu cette femme majestueuse, désormais remplacée par la compagne du nouveau tyran. Car c'était ce qu'il était, un tyran, et il l'est encore au moment où je m'adresse à vous. Mais nombre de pays ne s'en préoccupent pas, tant qu'il ne tente pas d'assauts contre eux. Les Portes des Gardiens ont finalement adopté la doctrine du chacun pour soi, d'un égoïsme et d'un narcissisme sans précédent. Il n'y avait plus qu'eux, leur château, leurs cités, leur pays et leurs contrées. Le reste, les royaumes voisins, plus personne n'en avait vent, et cela n'ébranla aucune âme. C'était dommage, certes. Mais pas catastrophique. Alors la vie continua son cours, de plus en plus pénible et dégradée en Septentrion. Au plus profond de son être, chacun était blessé et ébranlé par la perte du bon Roi, par la hausse des prix, par les enrôlements successifs et impardonnables dans l'armée, par les précepteurs qui chaque jour venaient quérir les impôts de plus en plus élevés. Mais encore une fois, c'était dommage, juste cela. Il y eut quelques organisations secrètes contre Murtagh et des révoltes courantes, certes, mais elles étaient bien vite mâtées par la bonne grâce de la nouvelle garde royale. En d'autres termes, il fallait être riche, et soumis. Le tyran Murtagh, en dépit de la Reine, eut de nombreuses maîtresses dans le royaume. Car il fallait bien le constater, bien que terrible et machiavélique, cet homme était d'une beauté presque démoniaque, et d'une hypocrisie qui vous aurait fait croire à ses faux sourires. C'est précisément ce qui le fit gagner la confiance aveugle du peuple. Pour les fourvoyer, il inventait des difficultés. Pour leur faire croire qu'il les aimait, il imaginait des solutions à ces problèmes. Ainsi donc cet homme effrayant eut de nombreuses femmes dont il ne désira avoir aucun enfant, de peur que sa réputation ne s’entache. Chaque femme qui tombait enceinte par accident se voyait exécutée dans le plus grand des silences. Il faisait croire à un accident et, en simple compensation, envoyait quelques pièces à sa famille. Pas trop, juste un peu. Le prix de la vie d'une vulgaire maîtresse. Seule une d'entre elles parvint à échapper à sa poigne de fer. Je n'ai pas énormément connu Adena. Par conséquent, je ne peux pas vous dire beaucoup de choses sur elle. Des cheveux d'ébène et des yeux gris couleur de Lune, c'est tout ce que je saurais vous dire. Elle est parvenue à donner naissance au fils illégitime du souverain Murtagh, et a évidemment soulevé sa fureur. Car oui, il l'a su. Il n'a pas voulu mettre fin à la vie de ce fils lui-même. Était-ce là la preuve qu'il avait un coeur ? S'était-il rendu compte que tuer cet enfant de ses propres mains serait mal ? Ainsi, il a séparé le nouveau-né de sa mère, et a singulièrement donné à l'un de ses hommes la charge de tuer cet héritier né d'une adultère. Ce futur meurtrier, qui était-il déjà..? Tout ceci est si loin à présent. Il me semble qu'il faisait partie des commandants de la garde royale. Son nom ? Laissez-moi réfléchir un instant...Ahâron Marshall, un grand duc respecté de beaucoup pour sa droiture d'esprit. On lui confia ainsi l'enfant du Roi, et on lui demanda de le tuer discrètement dès qu'il le pourrait. Le duc de Septentrion ne le fit pas. Il avait trop d'honneur. Il aurait pu gagner encore sa vie comme un homme croulant sous les méfaits en ayant la reconnaissance du tyran Murtagh, mais il préféra risquer sa vie et fuir le pays avec cet enfant qu'il nomma lui-même Kain. Il choisit de l'appeler ainsi car il décida lui-même qu'il serait énigmatique, insaisissable, quelque peu réservé, méfiant et secret. Il arriverait qu'il soit nerveux, même s'il paraîtrait parfois flegmatique. Il voulu qu'il soit doté d'une inquiétude existentielle qui le ferait douter de lui-même et de ses capacités. Car il ne faut jamais être trop confiant, c'est une perte que l'on s'inflige d'avance. Aussi, il espéra qu'il se réfugie parfois derrière un sourire ironique et une attitude détachée, réprimant alors sa sensibilité. Il ne voulu par qu'il montre ses sentiments. Car c'était pour lui une faiblesse. Il serait solitaire, oui, très solitaire et introverti, enclin à se poser des questions parfois philosophiques ou existentielles. Sa vision du monde serait intelligente, et loin d'être manichéenne. Il serait sceptique et cartésien, pour s'opposer avec virulence à l'irrationnel, puisqu'Ahâron lui-même restait d'un réalisme et d'une franchise exemplaire. Il lui arriverait d'être mystique, intuitif, voir clairvoyant, ainsi, il envisagerait toujours les ripostes de son entourage. Le mot naïveté serait banni de son comportement. Kain s'écarterait souvent du conformisme, il multiplierait les expériences, chercherait longtemps sa voie mais ne se tournerait pas vers l'occultisme. Il serait très imaginatif, et il arriverait que son intuition lui donne du génie. Mais il pourrait avoir des difficultés à concrétiser ses projets qui seraient parfois difficilement réalisables. Alors des phases dépressives apparaîtraient chez cet être quelquefois sensible et vulnérable. Il s'exprimerait peu, mais ne serait pas indifférent aux preuves d'affection. C'est ainsi qu'Ahâron décida de l'appeler Kain, oui, car il voulu qu'il soit exactement comme cela. Et il le fut. Quant à la femme, après l'avoir gardée enfermée durant quelques temps dans le plus haut cachot du donjon, on lui trancha la tête un matin de printemps, sur la grand place des festivités.
Apatriotes Après avoir fuit le pays de Murtagh, le noble Ahâron se dirigea immédiatement en direction d'une contrée voisine, Fulvheim. Il voyagea durant de nombreux jours à cheval, soucieux qu'on ne le remarque dans des lieux où les transports regorgeaient de foules, changeant de monture à chaque écurie dont il croisait la route, et ce fut une chance que cet homme connaisse les lieux comme sa poche. Ses campagnes sous la direction du tyran lui avaient finalement servi, alors qu'il fuyait du pays de Septentrion tel un assassin. Il fut néanmoins difficile pour lui de garder l'enfant en parfaite santé, et il n'y parvint d'ailleurs pas. Presque dès sa naissance, le nouveau-né était d'hors et déjà malade. Mais il était sauvé, et le reste importe peu à présent. Le duc Ahâron stoppa sa course effrenée au bout de quatre jours et quatre nuits, persuadé que son ancien tyran ne le laisserait pas s'en tirer de si bonne affaire avec son héritier illégitime. Le soldat de Septentrion demeura ainsi dans une des nombreuses auberges de Fulvheim, et il confia pendant un temps l'enfant à une de ses précieuses amies. Je ne me souviens plus du nom de cette nourrice. Elle est morte, vous savez. Malheureusement, Ahâron ne put y rester plus de deux jours. Non pas qu'il fut surpris par les troupes éclaireuses de Murtagh, mais en connaissance de cause et de part sa science au combat, il sut d'avance qu'il devrait traverser bien des pays s'il voulait échapper au père de son protégé. Et c'est ce qu'il fit, il parcourut de nombreuses contrées seul en compagnie de cet enfant qu'il considéra bien vite comme son propre fils. À force d'être confronté au petit, Ahâron se rendit rapidement compte que sa peau était constamment froide. Il eut d'abord des appréhensions, quelques frayeurs concernant la santé de son protégé, et surtout, il dormait très mal, trop occupé à veiller sur lui. Parfois, il en venait à s'imaginer que le petit ne respirait plus, ce qui pourtant n'arrivait pas, mais il paniquait alors et réveillait l'enfant pour se rassurer lui-même. Mais peu à peu, il se résigna : Kain était toujours froid et se plaisait dans cet état étrange. Cependant, après un mois entier à vivre en tant que nomade, il arriva un temps où l'hériter de la couronne fut extrêmement maladif. Ahâron décida de s'arrêter dans un royaume voisin, et plus précisément dans une cité du nom de Taloyram, puisqu'il y avait quelques connaissances, notamment dans une auberge. Le duc de Septentrion fit venir un médecin auprès du jeune Kain, mais le verdict fut tout aussi mystérieux que son état : le brave homme ne trouva rien de concret dans ses symptômes. Il était glacé au toucher, et devenait brûlant et fiévreux dès qu'on tentait de le garder au chaud. Mais il n'y avait pas que cela, son organisme était si faible qu'il en venait à attraper de nombreuses maladies, l'une après l'autre, il ne fut jamais en pleine forme durant son entière jeunesse. Combien de temps restèrent-ils dans cette auberge de Taloyram ? Deux ou trois ans, après cela, ils furent aisément retrouvés par la garde royale de Murtagh. Ahâron dut fuir encore une fois, pour se diriger vers une contrée voisine comme il avait pris l'habitude de le faire. Il se considéra presque comme un voleur, à fuir ainsi sans laisser la moindre trace ni le moindre message d'adieu aux gens qui l'avaient abrité et choyé durant son échappée. Il devait néanmoins avouer qu'il avait à présent pris peur de voyager. La santé de son fils adoptif ne lui permettait que de courts déplacements. Le jeune était perpétuellement engourdi et fiévreux, et bientôt, la fatigue gagna aussi le corps d'Ahâron. Mais il était fort et déterminé, et il atteignit rapidement son prochain objectif : l'une de ses propres demeures dans un royaume éloigné de celui du tyran qui le pourchassait. Là, il était sûr de ne pas avoir d'ennuis pendant quelques années. Bien qu'il soit rentré chez lui, entouré de ses servants et de son fidèle majordome, le père adoptif ne se sentit jamais à son aise. Lui comme l'enfant n'avaient plus de patrie et n'en auraient sans doute jamais.
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CHAPITRE I : Incompris
- Combien de fois vais-je te le répéter, Kain ? Arrête de faire l'imbécile, tu ne retiens jamais rien ! Tu sais bien que tu ne peux pas sortir dans cet état, alors cesse de te montrer si têtu, bon sang !
Le grand homme aux cheveux noir d'encre rajusta encore les draps blancs que j'avais malgré moi défaits du pied du lit, et il soupira une fois de plus, visiblement contrarié comme il l'était toujours. Assis sur la couche et vêtu d'un simple pantalon bleu marine, je laissai mes yeux se diriger une fois de plus au dehors dont une vitre me séparait constamment. Le ciel bleu et la verdure de la forêt de connifères mourraient sous les reflets blanchâtres du verre impassible, tandis que les rideaux d'organza bleus ciel étaient tirés aux extrémités pour laisser plus de lumière pénétrer dans la grande chambre luxueuse. Mon père adoptif croisa ses bras sur sa poitrine musclée couverte d'un veston de cuir noir à demi-ouvert pour laisser apparaître un simple débardeur gris anthracite, et il arqua un sourcil d'un air agacé lorsque je m'adressai à lui.
- Pourquoi as-tu ouvert les rideaux et les volets ? Tu sais mieux que n'importe qui que je déteste la lumière. - Et c'est précisément la raison pour laquelle tu es aussi pâle qu'un cadavre ! Répliqua-t-il. - Tu pourrais au moins avouer que tu le fais exprès pour me donner envie de sortir. Tu sais que je n'aime pas voir le dehors, ça me rappelle que je ne peux pas sortir. Et après, tu viens te plaindre que j'ai essayé d'aller vadrouiller...fis-je remarquer avec une voix d'enfant capricieux.
L'homme leva ses yeux gris opalescents au ciel et plaça finalement ses mains sur ses hanches, affichant une expression très peu satisfaite.
- Ouvre au moins la fenêtre, j'étouffe dans cette pièce ! Lui ordonnai-je brusquement.
Il secoua brièvement la tête de gauche à droite comme pour feindre son découragement et s'exécuta finalement, faisant entrer dans la chambre les senteurs nouvelles du début d'été, et les chants légers des oiseaux qui volaient d'arbre en arbre. Je me levai subitement pour me ruer littéralement au bord de la fenêtre, posant mes yeux d'azur émerveillés sur ce spectacle qui pour moi recelait bien des merveilles que je ne pouvais atteindre. Mais la réaction d'Ahâron fut immédiate et il me repoussa en arrière, m'obligeant à me clouer de nouveau sur le lit blanc. Je pestai en silence et me forçai à tourner le dos au paysage extérieur dont les bruits et effluves torturaient ma curiosité.
- Je ne peux pas rester ici avec toi toute la journée, alors si j'apprends que tu as encore essayé de sortir, je ne serais plus aussi tolérant ! Grommela-t-il. - Tu ne l'étais déjà pas avant. Et puis tu ne peux pas me comprendre, ce n'est pas toi qui est enfermé ici depuis huit ans. Marmonnai-je. - C'est toi qui ne comprends pas ! Tu sembles oublier que tu es carrément tombé dans les pommes la dernière fois que tu t'es exposé au soleil. - C'est parce que je ne suis pas habitué ! Comment veux-tu que j'assimile ces éléments si je ne sors jamais...
Mon père adoptif m'ordonna finalement de cesser rapidement de lui répondre et de me décider à être obéissant, puis il partit en prétextant d'habituelles occupations. Je ne retins pas un soupir, fixant le vide droit devant moi, allongé sur ce lit confortable qui pourtant ne l'était guère pour moi. Je portai ma main droite dans mon champ de vision, et en silence, formai dans ma paume de minutieux cristaux de glace qui dessinèrent bientôt de belles créoles, mais ce peu de choses me donna rapidement mal à la tête. La fièvre qui comme à son habitude m'agressait en permanence fit fondre mes créations méticuleuses, et je fermai finalement les yeux, espérant trouver de la quiétude dans mon repos. Mais j'en avais assez d'être enfermé ici sans jamais pouvoir sortir sous prétexte d'être faible. Alors je serrais parfois les poings, désarmé, terriblement déçu de ce que la vie m'offrait, et je détestais Ahâron un peu plus à chaque protestation qu'il m'adressait. Néanmoins, je savais qu'il était désormais mon père, et qu'il avait tout fait pour moi, tout sacrifié, tout abandonné : son rêve, ses idéaux, sa patrie, son honneur, ses proches, en un mot, sa vie. Et la reconnaissance que je lui vouais était et resterait assurément éternelle pour cela, quoiqu'il fasse, même s'il décidait de me faire souffrir ou de me supprimer. J'en serais fier, car l'importance qu'un homme si noble et important m'accordait était amplement suffisante pour moi.
Pas fini......(a)
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